Pour la 27e année consécutive, la Fondation Abbé Pierre dresse un état des lieux du mal-logement en France. À l’approche de l’élection présidentielle de 2022, la Fondation alerte les pouvoirs publics sur les conditions d’hébergement des plus pauvres. Plus de 4 millions de personnes sont non ou mal logées.
Publié le 3 février 2022
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Le 24 janvier 2022, la Fondation Abbé Pierre a publié son 27 e rapport annuel sur l’état du mal-logement en France. Le rapport pointe une intensification de la pauvreté et les effets durables de la crise sanitaire sur les conditions et l’accès au logement.
La Fondation regrette les conséquences des choix budgétaires dans le domaine du logement, particulièrement la réduction des aides personnalisées au logement (APL). Entre 2017 et 2020, le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté a augmenté de 300 000. Selon le rapport, les 5% les plus pauvres ont même perdu jusqu’à 0,5% de leur pouvoir d’achat.
Le pouvoir d’achat : une notion pertinente ?
Le nombre de personnes mal logées ne diminue pas
La Fondation signale que près de 4,1 millions de personnes sont considérées comme mal logées, comme en 2020. Parmi elles :
- 1 068 000 personnes ne disposent pas d’un vrai logement personnel, elles sont sans domicile fixe (SDF), vivent dans des habitations de fortune, sont hébergées chez des tiers ou sont en chambres d’hôtel ;
- plus de 2 millions habitent des logements sans confort (pas d’eau courante, toilettes communes sur le palier, moyen de chauffage très dégradé. ).
Le rapport pointe par ailleurs :
- le doublement depuis 2012, du nombre de personnes sans domicile qui sont aujourd’hui 300 000 ;
- l’engorgement des hébergements d’urgence (début décembre 2021, près de 4 000 personnes ont appelé en vain le 115 faute de places d’hébergement d’urgence disponibles) ;
- l’augmentation du nombre des expulsions (12 000 en 2021 contre 8 200 en 2020).
Mal-logement : la situation des personnes seules est peu prise en compte
Logement social : une dégradation de la situation
Outre la pénurie d’hébergements d’urgence, le rapport constate que la France manque de logements sociaux. Cette situation s’explique par la réduction de l’offre de logements sociaux mais également par la demande de logement social qui a progressé deux fois plus vite que le nombre de logements sociaux.
Dans le même temps, les aides au logement ont globalement diminué depuis dix ans. Les aides publiques au logement représentent 1,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2020. Par exemple, l’aide personnalisée au logement (APL) a été réduite de 5 euros par mois et par ménage en 2017.
Le rapport reconnaît toutefois que l’encadrement des loyers introduit par la loi Alur en 2014 et la loi Élan en 2018 commence à produire des effets bénéfiques en limitant la hausse des loyers. Mais, la mauvaise régulation du marché de l’immobilier entraîne des hausses de prix dans l’immobilier. Le rapport de la commission présidée par François Rebsamen, publié à l’automne 2021, s’alarme de la chute de la construction. La France est ainsi passée, en début de quinquennat, de 437 000 mises en chantier en 2017 avant de chuter à 350 000 en 2020.
Le rapport note également que 12 millions de personnes vivent en précarité énergétique. La Fondation estime que la rénovation des 5 millions de logements «passoires énergétiques» doit faire l’objet d’une priorité nationale.