Evolution de la consommation des ménages

Evolution de la consommation des ménages

Depuis le milieu des années 1970, la consommation progresse de 1,9 % par an, après avoir crû de plus de 4 % par an pendant les Trente glorieuses.

  • Dépenses de logement
    25 % du budget
  • Dépenses loisirs/communication
    10 % du budget
  • Alimentation et habillement 15 % du budget
  • Transport
    15 % du budget

À partir des données de l’Insee, nous pouvons retracer l’évolution de la consommation des Français depuis les années 1950. On constate notamment une hausse de la part des services dans la consommation totale.

Entre 1959 et 2019, la consommation des Français a augmenté chaque année sauf en 1993 et en 2012. De ce fait, le volume annuel de consommation par personne est maintenant quatre fois plus élevé qu’en 1960.

L’augmentation n’a pas été continuellement la même. Pendant les Trente Glorieuses, de laprès-guerre au premier choc pétrolier de 1973, l’augmentation annuelle moyenne de la consommation a été de 4,1 % au niveau individuel. Depuis, la croissance a été beaucoup moins dynamique à environ 1,9 % par an, ce qui représente néanmoins une multiplication par un peu plus de deux du volume de consommation depuis 1975.

La progression globale recouvre de profonds changements dans la répartition du budget des ménages entre les différents postes de dépenses. Les statistiques de l’Insee montrent que les parts affectées à l’alimentation et à l’habillement se sont réduites, et que celles du logement, des transports, de la santé, de la communication et des loisirs ont augmenté.

À travers cette mutation, la consommation de services semble avoir pris le pas sur les dépenses de biens.

Les coefficients budgétaires

Un coefficient budgétaire est le rapport de la dépense consacrée à un poste ou à une catégorie de biens ou services (par exemple l’alimentation, le logement…) à la dépense totale.

1960 1975 1990 2007 2019
Alimentation 29 23 21 17 17
Logement, eau, gaz, ameublement… 24 30 31 32 31
Transport 11 15 17 15 14
Habillement 8 7 6 5 4
Santé 1 1 3 4 4
Communication, loisirs et culture 3 4 5 10 10
Divers 23 19 18 19 21
Solde territorial* 1 0 -1 -2 -1
Total 100 100 100 100 100

*solde territorial = dépenses des résidents à létranger dépenses des non-résidents en France.

L’alimentation représentait 29 % du total du budget de consommation des ménages en 1960 et seulement 17 % en 2019.

L’évolution du coefficient budgétaire d’un poste dépend de l’évolution du volume de la consommation de ce poste ou de cette catégorie et de celle de son prix relatif.

La diminution de la part de l’alimentation dans le budget total de la consommation provient du fait que la consommation d’alimentation a moins augmenté en volume que les autres catégories de biens et de services.

Cela provient du fait que les besoin alimentaires des individus ne sont pas extensibles indéfiniment, même si la qualité de l’alimentation peut augmenter. Il est donc logique que, plus un pays s’enrichit, plus la part relative de l’alimentation dans la consommation totale diminue.

Consommation : part des dépenses dalimentation

La part en valeur des dépenses d’alimentation (y compris le tabac), est passée de 29 % du budget de consommation en 1960 à 17 % en 2019. Par habitant, le montant consacré à la dépense alimentaire a certes progressé, de 1 322 euros en 1960 à 3 195 euros en 2019 (en euros constants de 2014), mais cette hausse est plus faible que pour les autres postes de consommation.

La très nette hausse des niveaux de vie a permis de desserrer la contrainte des dépenses de première nécessité.

Les effets des inégalités sociales continuent de se faire sentir de différentes manières.

Le poids de l’alimentation est d’autant plus élevé que le niveau de vie des ménages est faible. Les 10 % des ménages qui ont le niveau de vie le plus faible consacrent environ 18 % de leur budget à l’alimentation à domicile, alors que pour les 10 % qui ont le niveau de vie le plus élevé cette part est d’environ 14 %. Depuis le début du siècle, si les écarts entre riches et pauvres se réduisent pour les dépenses d’alimentation à domicile, ils se maintiennent, voire s’accentuent pour les repas à l’extérieur (données s’arrêtant en 2009).

Part des dépenses de logement

La part budgétaire consacrée au logement (y compris l’énergie et l’ameublement) a progressé sensiblement entre 1960 (24 %) et 1975 (30 %). Elle a, depuis, continué à très légèrement augmenter (31 % en 2019), mais cette plus faible progression traduit en réalité la croissance du nombre de ménages propriétaires : leur part dans le nombre total de ménages a augmenté tout particulièrement entre 1973 (45 %) et 1988 (54 %).

En effet, les nouveaux propriétaires, ne payant plus de loyers, ne font plus face aux mêmes dépenses de consommation de services de logement, mais à des dépenses d’autres natures (dépenses d’investissement-logement, remboursement d’emprunts).

Part des dépenses de transport

Le poids du poste des dépenses de transport dans le budget des ménages a progressé fortement entre 1960 (11 %) et 1990 (17 %), puis a légèrement baissé (14 % en 2019).

L’essor de l’automobile est le principal facteur de la hausse de la part des transports.

Le taux d’équipement des ménages en automobiles était de 30 % en 1960. En 2006, plus de 80 % des ménages possèdent au moins une voiture, et un tiers en possède deux ou plus.

Il en résulte une part croissante des dépenses d’utilisation des véhicules personnels dans le budget des ménages, d’autant plus forte que la hausse de leurs prix a été très forte par rapport à l’inflation (prix des dépenses d’entretien et de réparation et prix des carburants).

La hausse du poids du transport dans le budget des ménages a été liée à la hausse des distances parcourues plus qu’à la hausse du prix du carburant relativement aux revenus. Par exemple, en 1973, une heure de travail au SMIC permettait d’acheter 3 litres d’essence. En 2018, la même heure de travail permettait d’acheter 6 litres d’essence.

Les volumes relatifs de consommation en transports collectifs ont baissé. Seul le transport aérien a connu un dynamisme plus important que la consommation d’ensemble.

Part des dépenses dhabillement

Leur part budgétaire a baissé, de 8 % en 1960 à 4 % en 2019. Ce tassement provient d’une moindre croissance en volume par rapport à celle du volume des dépenses totales de consommation.

Ce recul de la part budgétaire semble illustrer l’effet de la hausse du niveau de vie moyen sur la part des dépenses nécessaires : au-delà d’un certain seuil de revenu, le budget en habillement des ménages ne progresse pas dans les mêmes proportions que leur revenu. Il faut cependant nuancer ce jugement, la dépense d’habillement relevant moins de la nécessité mais plus de la mode.

Part des dépenses de santé

Les dépenses de santé prises en compte ici correspondent à la part directement supportée par les ménages. Alors qu’en 2019, la santé représentait près de 10 % du PIB français, les dépenses de santé prises en charge directement par les ménages ne représentent que 4 % de leur budget. En effet, la plupart des dépenses de santé ne sont pas payées directement par les patients mais sont prises en charge par la Sécurité sociale et les mutuelles.

Le poids de ces dépenses dans le budget des ménages a cependant quadruplé en 60 ans du fait de la croissance très rapide des dépenses globales de santé (liées entre autres au vieillissement de la population) et de la lente régression de la part des dépenses de santé prises en charge par la collectivité depuis le début du siècle.

Communication, loisirs et culture

Le poste regroupant les dépenses de communication, de loisirs et de culture est passé de 3 % du budget de consommation en 1960 à 10 % en 2019.

Dans cet ensemble, la consommation de communication est celle qui a augmenté le plus vite, notamment depuis le milieu de la décennie 1990 avec la téléphonie mobile et Internet. Ces produits et ces services sont rapidement devenus de plus en plus accessibles, et même indispensables.

Avec le logement, les services de communication constituent l’un des principaux facteurs du développement des dépenses « pré-engagées ».

Les dépenses « pré-engagées », ou dépenses contraintes, sont les dépenses difficilement négociables à court terme, qui dépendent d’un contrat signé. Elles comprennent les dépenses de logement, les services de télécommunications, les services de télévision, les assurances et les services financiers (y compris les offres labellisées « sans engagement » par leurs fournisseurs sont comptabilisées comme des dépenses pré-engagées en comptabilité nationale).

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